DOMARIN et la Grande Guerre


Le monument aux morts.

La guerre de 1914-1918 est la principale guerre commémorée par les monuments aux morts, même si quelques rares communes ont érigé des monuments célébrant celle de 1870-1871. Mais la première guerre mondiale à laquelle plus de 60 millions de soldats ont pris part a fait près de 9 millions de morts et 8 millions d’invalides, la France déplore à elle seule 1,5 millions de morts et plus de 4,2 millions de blessés. Pour une population de 40 millions d’habitants à l’époque, ces chiffres représentent 27% de tués parmi les effectifs militaires et plus de 10% de la population masculine.

Dès 1918 et jusqu’en 1922, chaque commune française construit un monument en l’honneur de ses enfants "Morts pour la Patrie". Suivant leurs moyens et souvent grâce à des souscriptions privées les communes vont édifier leur site de mémoire, véritable tombe de substitution pour ces hommes tombés loin de leurs foyers.

A Domarin, le monument se situe au cœur même du village puisqu’il a été érigé à côté de l’église sur une petite place qui jouxte le cimetière et domine l’avenue du Bourg. Notre monument est d’une grande sobriété et reste très classique. Il représente un obélisque installé sur un socle cubique, le tout construit en pierre calcaire de teinte claire. Très sobre, il est entouré de grilles métalliques et de haies. Quatre obus de petit calibre ornent l’arrière de l’édifice. Si aucune date de construction, ni nom d’auteur ne sont indiqués sur l’ouvrage, on peut lire sur la face avant la mention "Aux Enfants de Domarin Morts pour la France", "1914-1918" et "1939-1944". Il faut savoir que dans la plupart des communes, les noms des tués de la seconde guerre mondiale ont été rajoutés sur les stèles commémorant la première guerre.

Mais qui étaient les hommes de la grande guerre dont les noms figurent sur le monument ? Ils sont au nombre de douze et leurs noms sont gravés sur les deux faces latérales de l’obélisque suivant l’ordre chronologique de leur date de décès. Sur la face opposée à l’église sont inscrits les noms des hommes tombés en 1914 et 1915 :

1914 : Pierre RIVOIRE le 30 août, Joseph BIESSY le 14 octobre et Jules ROUSSILLON le 26 décembre.
1915 : Jean Louis SIMON le 4 mars, Gustave COLAZET le 26 septembre, Emile ROBIN le 27 septembre et Joseph ROLLAND le 31 octobre.

Côté église, apparaissent les noms des hommes tombés en 1916 et 1918. Aucun tué n’ayant été enregistré à Domarin en 1917. En bas de la colonne, on a ajouté les noms de trois personnes du secteur 7 de la résistance tombées en 1944.

1916 : Benoit MATHIAN le 29 mai et Marcel JOSSERAND le 22 août.
1918 : André LAHALLE le 1er juin, Louis GENIN le 30 juillet et François PAYAT le 6 octobre.

Grâce aux nombreuses archives consultables en ligne, il est possible de faire plus ample connaissance avec les poilus de Domarin et d’essayer de reconstituer leur parcours de guerre. Voici donc résumées, les vies de nos douze disparus et ce dans l’ordre alphabétique.


Joseph Mathieu BIESSY.
Né le 17 mars 1883 à Bourgoin, il est le fils de Joseph BIESSY (40ans), cafetier à Bourgoin et de Marie BOUVIER (27 ans), ménagère, tous deux domiciliés à Bourgoin. A l’époque du service militaire, Joseph est agriculteur et réside à Domarin tout comme ses parents. De la classe 1903, il porte le matricule n° 314 au centre de recrutement de Vienne et il est incorporé comme soldat de 2ème classe au 96ème Régiment d’Infanterie de Béziers (Hérault) le 15 novembre 1904. Soutien de famille, il est mis en disponibilité en 1905. Il passe dans la réserve de l’armée active en 1907 et effectue à ce titre des périodes d’exercice au 99ème RI en 1908 et 1913. A la mobilisation générale, il est affecté au 299ème Régiment d’Infanterie, régiment de réserve du 99ème RI en garnison à Vienne en date du 11 août 1914. Joseph Mathieu décède le 14 octobre 1914 à l’hôpital auxiliaire n° 1 de Lunéville (Meurthe et Moselle) des suites de ses blessures à l’âge de 31 ans. Il reçoit une citation à l’ordre du Régiment en date du 9 juillet 1919 ainsi que la croix de guerre avec palme de bronze. "Vaillant soldat glorieusement mort pour la France le 14 octobre 1914 suite de blessures". Joseph est inhumé à la Nécropole nationale Friscati, dite du Mouton noir sur la commune de Vitrimont (Meurthe et Moselle), tombe n°437. À noter qu’il faisait partie du même régiment que Jean Louis SIMON décédé en 1915.


Gustave Henri COLAZET.
Né le 14 avril 1882 à Romeyer, canton de Die (Drôme), il est le fils de Jean Marie COLAZET (41 ans) garde forestier et de Marie Adélaïde THOLOZAN (28ans), tous deux domiciliés à Romeyer. A l’époque du service militaire, il réside à Die tout comme ses parents. Il exerce la profession de garçon pharmacien. De la classe 1902, matricule n°697 au recrutement de Montélimar, il est engagé volontaire pour 4 ans au 22ème Régiment d’Infanterie basé à Lyon à compter du 2 septembre 1901. Nommé caporal le 23 août 1902, puis sergent le 24 février 1903, il prolonge son engagement et sera nommé adjudant- chef le 28 septembre 1911. Durant cette période, il fait la connaissance de Marie Augustine Jeanne MERCIER qu’il épousera le 20 janvier 1912 en mairie de Domarin. Nommé Sous-Lieutenant temporaire pour la durée de la guerre, il est affecté au 149ème Régiment d’Infanterie en août 1914. Il participe aux campagnes des Vosges (1914) et du Nord Pas de Calais en 1915. Blessé le 28 novembre 1914 lors de l’attaque de Fay dans la Somme, il est tué à l’ennemi le 26 septembre 1915 devant Angres dans le Pas de Calais à l’âge de 33 ans. Son corps repose au carré militaire de la commune de Sains en Gohelle (62), tombe n° 45 ou 46. Gustave COLAZET a été cité à l’ordre de l’armée : "Le 26 septembre 1915 devant Angres a été tué en entrainant sa section à l’attaque d’une position ennemie sous un feu violent de mitrailleuses. Officier d’une grande bravoure blessé déjà gravement au cours de la campagne." À noter qu’il est mort la veille du décès d’Emile ROBIN du 149ème RI tué également à Angres. Le nom de Gustave COLAZET figure sur le monument de Baratier (Hautes Alpes) et sur la plaque commémorative située dans l’église Saint Jean-Baptiste de Bourgoin.


Louis Joseph GENIN.
Né le 19 octobre 1892 à Domarin, canton de La Verpillière, il est le fils de Joseph Louis Maximin GENIN (28ans), propriétaire au hameau de l’Epalud et de Célestine MEUNIER (29 ans), ménagère. Au moment du service militaire, Louis Joseph vit à Domarin où il est agriculteur. De la classe 1912 et matricule n°632 au recrutement de Vienne, il est incorporé comme soldat de 2ème classe à la 19ème Section des Commis et Ouvriers Militaires d’Administration (S.C.O.A.) à compter du 5 octobre 1913. Il passera ensuite à la 7ème section du 2ème Régiment de Zouaves le 1er avril 1915 et sera promu caporal le 1er juin 1915. Blessé le 21 juin aux Dardanelles, il rejoint le dépôt en avril 1916. Il passe alors au 7ème Régiment de Tirailleurs le 27 mars 1917, puis au 11ème Régiment de Marche de Tirailleurs le 18 janvier 1918. Nommé sergent le 1er février 1918, il succombera à ses blessures de guerre à l’ambulance n°5/7 de Sery-Magnéval (Oise) le 30 juillet 1918 à l’âge de 26 ans. Son lieu d’inhumation est inconnu, mais son nom figure sur la tombe familiale au cimetière de Domarin.


Marcel Louis Philippe JOSSERAND.
Né le 30 décembre 1894 à Besse en Oisans (Isère), il est le fils de Jean-Baptiste JOSSERAND et de Marie Anaïs BATHELEMY. À l’époque de son incorporation, Marcel est élève-maître et réside à Bourg (Ain), ses parents étant domiciliés à Domarin. De la classe 1914, il porte le matricule n° 326 au recrutement de Vienne. Mobilisé le 1er septembre 1914, il incorpore le 22ème Régiment d’Infanterie en garnison à Bourgoin comme soldat de 2ème classe. Il est nommé caporal le 7 novembre 1914, puis aspirant le 25 décembre1914. En mars 1915, il passe au 97ème Régiment d’Infanterie et sera blessé une première fois le 7 mai 1915 en Artois, puis le 22 mars 1916 à Barleux dans la Somme. Gravement blessé en août, il décèdera suite à ses blessures de guerre à l’hôpital n°13 de Marcelcave-les-Buttes dans la Somme le 22 août à l’âge de 22ans. Il sera inhumé à la Nécropole Nationale de Marcelcave-les-Buttes. Le 3 août 1915, il avait reçu une citation à l’ordre du Régiment : "A fait preuve d’une grand calme et d’un grand sang froid en entrainant sa section à l’assaut les 19 et 20 avril. A été blessé le 7 mai en maintenant sa section sous un feu violent d’artillerie."


André Paul LAHALLE.
Né le 1er juillet 1897 à Bonnet, canton de Gondrécourt dans la Meuse, il est le fils d’Henri Emile LAHALLE et de Marie Rose UBRACH. A l’époque du service militaire, André Paul est fromager et réside à Sermérieu canton de Morestel (Isère) tout comme ses parents. De la classe 1917, il porte le matricule n°1478 au recrutement de Bourgoin. Engagé volontaire pour toute la durée de la guerre, il rejoint le 12ème Régiment de Cuirassiers qui est basé à Rambouillet le 13 juillet 1915. Brigadier le 16 novembre 1916, puis Brigadier fourrier le 27 décembre 1917 il sera nommé Maréchal des Logis en date du 19 avril 1918. Cité une première fois à l’ordre du Régiment le 14 septembre 1917, puis à l’ordre de la Division en date du 5 janvier 1918. André Paul LAHALLE est mort le 1er juin 1918 des suites de ses blessures à l’ambulance 5/59 de Compiègne (Oise) il n’avait que 21 ans. Son corps est sans doute inhumé à la Nécropole Nationale de Compiègne qui se situe à Royallieu. Son nom figure également sur le monument aux morts de Sermérieu et sur la plaque commémorative de l’église Saint Jean-Baptiste de Bourgoin.


Benoit MATHIAN.
Né le 9 mai 1895 à Domarin (Isère), il est le fils de Benoit MATHIAN (42 ans) cultivateur à Domarin et de Marie BERTHON (42 ans) ménagère domiciliée au même lieu. Au moment du service militaire, Benoit était cultivateur à Domarin. Sa mère Marie est décédée en 1909. De la classe 1915, il porte le matricule n°455 au recrutement de Vienne. Mobilisé en décembre 1914, il est incorporé comme soldat de 2ème classe le 16 décembre au 61ème Régiment d’Infanterie en garnison à Aix en Provence et à Privas. Il passe au 173ème Régiment d’Infanterie en date du 30 avril 1915. (Régiment stationné en Corse). Benoit est décédé le 30 mai 1916 à la cote 304 sur la commune d’Esnes en Argonne, tué à l’ennemi à l’âge de 21 ans. Si son nom figure sur la tombe familiale au cimetière de Domarin, son corps repose sans doute à la Nécropole Nationale d’Esnes en Argonne.


François Joseph Emile PAYAT.
Né le 31 janvier 1898 à Saint Agnin sur Bion, canton de Saint Jean de Bournay (Isère), il est le fils de Jean-Baptiste PAYAT et de Marie Joséphine CHARDON. François exerçait la profession d’ébardeur et habitait Domarin au moment de l’incorporation. De la classe 1918, il porte le matricule n°222 au centre de recrutement de Vienne. Mobilisé le 17 avril 1917, il rejoint le 84ème Régiment d’Artillerie Lourde comme ouvrier métallurgiste à la Compagnie A. Le 2 août 1917, il passe au 105ème Régiment d’Artillerie lourde puis au 120ème Régiment d’Artillerie lourde le 7 février 1918. Le 6 octobre 1916, François Joseph meurt des suites de maladie contractée en service à l’ambulance 7/7 de Vertus dans la Marne. Il avait à peine 20 ans. Il repose à la Nécropole Nationale de la Fère-Champenoise (Marne).


Pierre RIVOIRE.
Né le 26 mars 1885 à Bourgoin (Isère), il est le fils d’Alexandre RIVOIRE (33 ans) manœuvre et de Marthe DUMAS (35 ans) ménagère. À l’époque du service militaire, il réside à Domarin tout comme ses parents et exerce la profession de jardinier fleuriste. Le 30 septembre 1912 Pierre épouse Jeanne Mélanie PEYTHOUD à Meyrieu. De la classe 1905, il porte le matricule n°200 au centre de recrutement de Vienne. Le 8 octobre 1908, il est incorporé au 99ème Régiment d’Infanterie comme soldat de 2ème classe. Il devient soldat de 1ère classe le 27 avril 1907, puis caporal le 7 mai 1907. En octobre 1908, il est envoyé en congé avec certificat de bonne conduite. Rappelé à l’activité par la mobilisation le 4 août 1914, il rejoint le 222ème Régiment d’Infanterie, régiment de réserve du 22ème basé à Bourgoin. Décédé le 30 août 1914 à Gerbéviller (Meurthe et Moselle), tué à l’ennemi à l’âge de 29 ans. Pierre RIVOIRE est le premier tué de la commune de Domarin, il repose à la Nécropole Nationale de Gerbéviller, tombe n°106. Son nom figure également sur une plaque commémorative située dans l’église Notre Dame de Jallieu.


Emile Louis ROBIN.
Né le 9 février 1895 à Domarin, canton de la Verpillière (Isère), il est le fils d’Isidore Gaspard ROBIN (34 ans) chauffeur demeurant au quartier du Ruisseau et de Mariette BUTIN âgée de 29 ans. À l’époque du service militaire, Émile résidait à Domarin et exerçait le métier de coloriste sur étoffe. De la classe 1915, il porte le matricule n°470 au centre de recrutement de Vienne. Il est incorporé le 15 décembre 1914 comme soldat de 2ème classe au 158ème Régiment d’Infanterie. Promu soldat de 1ère classe le 11 avril 1915, il passe au 149ème Régiment d’Infanterie en garnison à Epinal (Vosges). Emile louis ROBIN était du même Régiment que Gustave COLAZET et meurt le lendemain lors de combat d’Angres (Pas de Calais) le 27 septembre 1915 à l’âge de 20 ans. Son lieu d’inhumation est inconnu, mais il est certainement à la Nécropole Nationale de Sains en Gohelle où repose Gustave COLAZET.


Jean Joseph ROLLAND.
Né le 10 juillet 1871 à Domarin, canton de La Verpillière (Isère), il est le fils de Joseph ROLLAND âgé de 39 ans, cultivateur à la Maladière et de Mélanie DELORME alors âgée de 31 ans. À l’époque du service militaire, Jean Joseph réside à Domarin où il est cultivateur. Il épousera Louise Marie COGNAU. De la classe 1891, matricule n° 860 au centre de recrutement de Vienne, il est incorporé le 15 novembre 1892 comme soldat de 2ème classe au 30ème Régiment d’Infanterie. Mis en disponibilité le 23 septembre 1893, il passe dans la réserve de l’armée active le 1er novembre 1895 et à ce titre, il accompli trois périodes d’exercices : en 1898 au 52ème RI, en 1901 au 96ème RI et en 1906 au 106ème RI. Passé dans l’armée territoriale en 1905, il est rappelé à l’activité par suite de mobilisation le 29 octobre 1914 comme 2ème classe au 109ème Régiment d’Infanterie Territoriale. Il meurt le 31 octobre 1915 au nord-ouest de Perthes les Hurlus (Marne) tué à l’ennemi à l’âge de 45 ans. Jean Joseph repose à la Nécropole Nationale de la Crouée à Souain Perthes les Hurlus, ossuaire n°5. Son nom figure sur la tombe des familles ROLLAND-VIVIER au cimetière de Domarin.


Jules Eugène ROUSSILLON.
Né le 9 février 1877 à Bourgoin (Isère), il est le fils de Jean-Baptiste ROUSSILLON (26 ans), jardinier à Bourgoin et d’Anne MOUILLOUD (24 ans) tous deux domiciliés à Bourgoin. A l’époque du service militaire, Jules Eugène résidait à Bourgoin où il était également jardinier. Le 9 mars 1911, Jules Eugène s’est marié avec Joséphine RHONE en mairie de Domarin. De la classe 1897, il porte le matricule n° 531 au centre de recrutement de Bourgoin. Incorporé comme tambour au 97ème Régiment d’Infanterie le 16 novembre 1899, caporal tambour le 22 septembre 1900, il est envoyé en congé le 21 septembre 1901 et passe dans la réserve de l’armée active le 1er novembre 1901. A ce titre, il a accompli deux périodes d’exercices au 22ème RI en 1904 et 1907 puis une période au 108ème RI en 1912. Rappelé à l’activité, il est mobilisé le 6 août 1914 au 22ème Régiment d’Infanterie en garnison à Bourgoin. Jules Eugène décédera le 13 décembre 1914 (il est inscrit au 26 décembre sur le monument) des suites de maladie contractée en service à Ermont en Seine et Oise, il avait 37 ans. Le nom de Jules Eugène ROUSSILLON figure sur les monuments aux morts de Domarin, Le Gua, Bourgoin, et sur les plaques commémoratives de l’église Saint Jean-Baptiste de Bourgoin et de la Mairie du Gua. Jules Eugène repose au carré des corps restitués aux familles dans le cimetière des Charges à Bourgoin-Jallieu.


Jean Louis Ferdinand SIMON.
Né le 20 février 1884 à Chèzeneuve, canton de La Verpillière, il est le fils de Claude SIMON (43 ans), cultivateur au Bournay, hameau de Chèzeneuve et de Jeanne Marie FOUILLEUX (40 ans), ménagère. À l’époque du service militaire, Jean Louis Ferdinand était charretier et domicilié à Domarin tout comme ses parents. Le 26 septembre 1910, il épouse Marie Louise BERIAUD à l’Isle d’Abeau (Isère). De la classe 1904, il porte le matricule n°341 au centre de recrutement de Vienne. Il est incorporé le 9 octobre 1905 comme soldat de 2ème classe au 99ème Régiment d’Infanterie. Promu caporal le 19 décembre 1906, il est envoyé en congé le 28 septembre 1907. Rappelé à l’activité suite à l’ordre de mobilisation, il est intégré au 299ème Régiment d’Infanterie le 4 août 1914. Il sera tué à l’ennemi le 4 mars 1915 lors de l’attaque de Parroy vers Bauzemont (Meurthe et Moselle) à l’âge de 31 ans. À noter qu’il appartenait au même régiment que Joseph Mathieu BIESSY : le 299ème RI, régiment de réserve du 99ème créé en 1914 à Lyon et mobilisé à Sainte Colombe les Vienne. Le nom de Jean Louis SIMON figure sur la tombe familiale au cimetière de Domarin.


La lecture de cette triste énumération permet d’émettre quelques remarques et d’établir des statistiques concernant les disparus de Domarin.

Le nombre des tués peut paraître faible, mais il faut ramener ce nombre à la population de l’époque. Lors du dernier recensement connu avant le conflit, Domarin comptait 326 habitants dont 161 individus de sexe masculin. D’après les dates de naissance de ces 161 personnes, 78 hommes nés entre 1867 et 1899 ont pu être mobilisés, ce qui donne un pourcentage de 7,5% de tués par rapport à la population masculine : la moyenne nationale étant de l’ordre de 10%. On notera l’absence de décès pour 1917.
Parmi les douze tués, dix d’entre eux sont nés en Isère, quatre sont natifs de Domarin, trois de Bourgoin, un de Chèzeneuve, un de Saint Agnin et un de Besse en Oisans. Deux hommes seulement sont nés hors du département mais se sont installés, ou mariés à Domarin.
Les dates de naissance des militaires tués s’étalent de 1871 à 1898, ce qui correspond au début du conflit à une tranche d’âge comprise entre 16 et 41 ans.
En ce qui concerne les centres de recrutement, les plus proches de Domarin étaient ceux de Vienne et de Bourgoin. Deux hommes ont été dirigés vers Bourgoin et neuf sur Vienne (75%), seul Gustave COLAZET domicilié dans la Drôme a été envoyé sur Montélimar.
Les régiments représentés sont au nombre de dix, mais la majorité des hommes fut dirigée vers l’Infanterie (9/12 soit 75%). Les trois autres ont été incorporés au 120ème d’Artillerie, au 11ème Tirailleurs et au 12ème Cuirassiers.
A la lecture des documents militaires, on notera que 50% des hommes sont gradés, on dénombre en effet deux caporaux (hommes du rang), deux sous-officiers (le sergent GENIN et le Maréchal des Logis DEHALLE) et deux officiers (l’Aspirant JOSSERAND et le Sous-Lieutenant COLAZET).
En fonction des évènements et de l’actualité du front, les régiments sont dirigés vers les mêmes destinations meurtrières : on dénombre trois tués en Meurthe et Moselle, et dans l’Oise, deux dans le Pas de Calais et la Marne, un dans la Meuse et la Somme.
Concernant l’âge de la mort, le plus âgé Jean Joseph ROLLAND avait 45 ans et les plus jeunes, François PAYAT et Emile ROBIN n’avaient que 20 ans. On pourra noter que 50% des soldats sont décédés à l’hôpital où à une ambulance dont deux des suites de maladie contractée en service.
Les lieux d’inhumation de sept hommes sont localisés avec certitude, pour les autres, les fiches signalent que leur lieu de sépulture est inconnu. Cependant, leur lieu de décès étant proche de Nécropoles Nationales, on peut supposer qu’ils y reposent sans avoir pu être répertoriés.
Quatre des douze morts pour la France ont été honorés d’une ou plusieurs citations et récompensés à titre posthume pour leur courage et leur dévouement.

C’est grâce aux sites de recherche ‘’Mémoire des Hommes’’ et aux archives civiles et militaires que nous avons pu retracer le parcours de chacun des soldats originaires ou domiciliés dans la commune. À présent, on connait un peu mieux ces hommes, leur origine, leur profession, leur grade, leur mobilisation, leur guerre, leur mort enfin. On peut s’imaginer quelle fut leur vie avant la guerre, leur travail, la ferme, l’usine à Bourgoin… On peut les imaginer au village, à l’église, à la foire, devant leur maison, buvant un verre ou encore jouant aux cartes… On peut aussi imaginer le soir du 2 août 1914 et partager leur angoisse, on les accompagne à la caserne ou à la gare de Bourgoin d’où ils prendront le train pour le front. On ne peut imaginer alors ce qu’ils ont dû endurer, la peur, le bruit et la boue, la blessure, la faim, le froid, la soif, le désespoir et enfin la mort… Il faut penser aussi au maire de l’époque qui avait pour mission de se rendre au domicile de l’un ou l’autre pour annoncer la terrible nouvelle aux parents, à l’épouse ou la fiancée. Tous ces hommes, le plus souvent très jeunes ne sont pas revenus au village et ont sacrifié leurs plus belles années et surtout leur vie pour nous, il ne faudra jamais oublier...

Alain Soulliat



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